Le dossier a été baptisé « Email Diamant »,une allusion au pouvoir blanchisseur de la célèbre pâte dentifrice,dans un trait d’humour des enquêteurs. La chambre spécialisée dans le crime organisé du tribunal correctionnel de Marseille s’est donnée presque trois mois – le procès est prévudu lundi 24 février au 28 mai – pour décrypter les rouages économiques occultes et la puissance financière du Petit Bar,un hégémonique clan ayant assis « une emprise mafieuse » en Corse-du-Sud,aux yeux de l’accusation.
Montres à un demi-million d’euros,véhicules de luxe,fausses factures à des sociétés chinoises,enveloppes de dizaines de milliers d’euros,investissements dans des projets immobiliers à Courchevel (Savoie),machines à compter les billets et à les mettre sous vide pour compacter les fonds,intérêt pour les cryptomonnaies… Vingt-quatre prévenus,dont quatre en fuite,sont jugés pour « blanchiment aggravé en bande organisée » de l’argent sale du trafic de drogue et des extorsions pour certains,de fraude fiscale pour d’autres,ainsi que pour « participation à une association de malfaiteurs ».
Ce procès est un galop d’essai d’une politique pénale réorientant la lutte contre le grand banditisme et le narcotrafic vers ses bénéfices et le blanchiment. Il réunit,sur le même banc des prévenus,le noyau dur de la bande du Petit Bar au passé judiciaire lourd – certains de ses membres étant mis en cause pour des assassinats –,mais aussi des affidés chargés du transport d’argent,de richissimes hommes d’affaires brassant des millions d’euros,des commerçants chinois d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis),et une kyrielle d’intermédiaires,faux facturiers ou agents de change. Tous contestent les faits,dénonçant « les assemblages et les déductions de l’enquête ».
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