Les deux barres du test de grossesse n’ont fait que confirmer son intuition. Mère de trois enfants dont un bébé de 6 mois,Valérie (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leurs noms) se doutait que l’arrêt de l’allaitement pouvait rimer avec retour de la fertilité. Elle l’avait d’ailleurs dit à Matthieu,son compagnon,l’informant au passage de son ras-le-bol de porter le poids de la contraception depuis des années. Il avait évoqué la possibilité de procéder à une vasectomie mais sans concrétiser le projet. En ce petit matin de décembre 2020,Valérie découvre qu’elle est enceinte et interroge l’homme qui partage sa vie depuis dix ans : « Qu’est-ce qu’on fait ? »
Matthieu,dans la maison familiale,à Toulouse,le 9 janvier 2025. PAULINE DUPIN POUR « LE MONDE » Matthieu se sent envahi par la panique. « La perspective d’un quatrième enfant,c’était impossible pour moi,raconte-t-il. On était fatigués,en plein dans les couches avec notre troisième. Cette annonce,c’était le bouleversement de trop. J’ai immédiatement dit que je ne voulais pas en entendre parler. » Valérie n’a pas d’avis tranché. Elle se dit qu’un autre bébé pourrait compléter la famille,que ce test positif a des allures de « miracle » après leurs difficultés à concevoir trois enfants. Elle hésite mais constate que face à elle,il y a un mur. « Il a ajouté que ce serait ma décision,qu’il ne me forcerait à rien,mais que si je faisais le choix de continuer la grossesse,j’allais l’élever seule. »
Matthieu,qui a aujourd’hui entamé un suivi psychologique et décortiqué cet épisode de son côté,revient avec lucidité sur son attitude de l’époque : « Elle espérait un dialogue… et j’ai fermé la porte. » Le couple traverse des jours et des jours de « guerre froide »,tout en essayant de faire bonne figure devant leurs enfants. Face à l’ampleur de la crise,Matthieu change d’avis et envisage la possibilité d’un nouveau bébé dans la famille. « Je lui ai dit ce que je pensais qu’elle voulait entendre car j’avais peur de la perdre »,commente-t-il. Valérie décide finalement d’avorter et opte pour la voie médicamenteuse. Elle se rend seule chez une sage-femme. « Matthieu n’a participé à aucun rendez-vous et ne s’est pas investi dans le processus »,souligne-t-elle.
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